Une intervention du Pangloss lovérien qui ne vaut pas un pet de vache
Dans une intervention au CRHN le 22 octobre 2012, Franck Martin, se déchaîne contre ces écologistes « qui veulent nous ramener à l’âge des chars à boeufs ». Au moins, on a dépassé le « retour à la bougie ». Mais de bougie, y en a-t-il à l’étage ?
Dans ce texte pompeux, il reprend le thème des optimistes contre les pessimistes, en faisant appel à deux personnages de la littérature: Cassandre (la pessimiste) et Pangloss (l’optimiste).
Dans le roman de Voltaire, Pangloss est le professeur de métaphysico-théologo-cosmolo-nigologie et précepteur de Candide. Il lui enseigne « que l’on vit dans le meilleur des mondes possibles. »
Franck Martin, c’est Pangloss. Il vient donc nous expliquer que les autoroutes, avec leurs bretelles sont le summum du développement de notre civilisation. Sinon c’est ceinture.
A la fin du roman de Voltaire, Pangloss avouera qu’il avait terriblement souffert au cours de sa vie. Mais il continuera quand même de soutenir son idée : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Pangloss, sur la fin, n’y croyait plus. Mais pour l’honneur, il lui était devenu impossible d’avouer son erreur.
Gageons que Franck Martin, comme son héros, niera toute évidence : le changement climatique n’existe pas. Quoi ? Il y aurait perte de biodiversité ? Je l’aurais vu. Meuh non, il n’y a pas épuisement des ressources. Et oui il faut construire, construire indéfiniment des autoroutes, des bretelles, des plateformes logistiques. Et oui les caisses sont pleines ! … Et si Martin veut porter le pantalon, la ceinture, ce sera pour les contribuables.
Cassandre ? Elle avait tort. Elle voulait, elle devait mettre en garde les hommes contre ce qui relevait de leur folie. Elle les aimait, mais, au fond, s’aimaient-ils eux-mêmes ?
Pour Martin, comme ce fut le cas pour ce pauvre Pangloss, l’optimisme repose sur des préjugés d’un siècle éculé.
Toujours plus loin, Martin-Pangloss nous gratifie dans son intervention d’un scoop scientifique : le pet de vache fait un trou dans la couche d’ozone. Il reprend par là même, en plus flatulent, les propos du grand savant Sarkozy de 2009 qui expliquait que les GES provoquent un trou dans la couche d’ozone, ce qui avait fait la risée des scientifiques à l’époque. Le trou dans la couche d’ozone est essentiellement dû aux rejets de gaz dits CFC (qui sont également des GES).
Oui, décidément, la prose ampoulée de Franck Martin ne vaut pas un pet de Vache !
Michel Coletta
Universitaire du Havre
président de l’AREHN de 2004 à 2010