Le département de l’Eure fermera des collèges et financera une autoroute

cec27Communiqué de presse du groupe Communiste, Écologiste et Citoyen du Conseil départemental de l’Eure

Gouverner c’est choisir :
le département fermera plusieurs collèges et construira des routes

Éducation et l’environnement sont-ils les préoccupations de M. Lecornu ? Le président du département de l’Eure a supprimé de nombreuses aides aux associations œuvrant dans le champ de l’environnement, de l’éducation, de la culture ou du sport. Un exemple, en 2015, où il sacrifie l’opération « Collège au cinéma » en cessant de financer le transport : vous habitez la vallée de l’Andelle, et vous voulez aller au cinéma. Tant pis pour vous, le département ne finance plus.
La même année, le collège Pierre Mendès France fait partie des premiers collèges à voir installer la vidéosurveillance. « N’oublions pas que les premières victimes de la délinquance sont les jeunes », avait déclaré Sébastien Lecornu, stigmatisant la jeunesse de Val de Reuil.
Bilan ? Un poste d’Assistant d’Éducation en moins au collège Pierre Mendès France l’année qui suit l’installation des caméras. Quand on sait que la sécurité des élèves est avant tout assurée par la présence d’adultes responsables, et présents sur les lieux.
Les budgets des collèges sont tous en baisse : 15% de moins en moyenne, et jusqu’à 50% dans certains établissements. La FCPE s’est alarmée de l’avenir éducatif réservé à nos enfants dans le département. Des moyens humains en baisse, moins d’enseignants, moins de personnel d’encadrement, c’est moins d’éducation, et moins de sécurité.
Aujourd’hui, le département franchit un pas supplémentaire en annonçant la fermeture de plusieurs collèges.
Pierre Mendès France serait l’un des premiers. Cette petite structure à taille humaine, bien implantée au milieu des populations, ouverte sur la ville – la dalle à Val-de-Reuil -, jouxte les lieux de culturels et sportifs. Théâtre et cinéma sont accessibles en quelques instants par chemin uniquement piéton. La gare accessible à pied en toute sécurité pour pouvoir se rendre vers les capitales culturelles. Une relation de confiance établie entre habitants, parents d’élèves, d’une part, et personnels et enseignants, d’autre part, grâce à la proximité. Certes, il s’agit d’un public défavorisé, mais un public sécurisé. Pas par les caméras, mais par la qualité de la relation entre population et éducation, par la confiance, et la proximité.
Peut-on prétendre résoudre le problème énergétique en fermant l’établissement, plutôt qu’en l’isolant ? Cela amènera à concentrer les élèves sur deux gros collèges que tout opposera : le collège REP + de Val de Reuil vs le prestigieux collège Montaigne du Vaudreuil.
Nous aurons perdu la proximité avec la population, et nous resterons avec une friche de béton, patrimoine architectural de la ville, dont nous ne saurons que faire. C’est un abandon, une défaite.
Le Président du Département l’a annoncé dans un courrier au maire de la ville, sans même que les instances de l’éducation nationale en soient averties. Ne pouvait-il attendre le Conseil Départemental de l’Education National du 24 juin, qui est le lieu de dialogue et de démocratie entre les différents acteurs de l’éducation dans le département ? Ces méthodes autoritaires sont inadmissibles.
Monsieur Lecornu cherche à faire des économies à tous prix, en manquant au rôle qui est celui du département : un rôle social de proximité. Combien a coûté au département la chasse aux fraudeurs du RSA, pour au final que compter que 99 personnes qui ont changé de domicile ? Plutôt que de stigmatiser là encore les plus défavorisés, rappelons qu’au contraire c’est une personne sur deux, éligible, qui renonce à faire valoir ses droits.
Le même 20 juin où M. Lecornu présentera son plan pluriannuel pour les collèges, le département émettra un avis favorable pour la construction d’une autoroute en concession, la liaison A28-A13. Pour le département de l’Eure, ce sera potentiellement 14% du financement de la moitié du milliard d’euros que coûtera l’infrastructure, soit au minimum 70 millions d’euros, hors taxes, sans compter les 15 à 20 millions supplémentaires qu’il faudrait pour relier les départementales (RD6014, RD6015 et RD321) à l’autoroute.
Les finances du département trouveraient ces dizaines de millions d’euros, et voudrait faire des économies de quelques centaines de milliers d’euros en fermant des collèges ? Ne détournons-nous pas l’argent public, celui des contribuables, de sa vocation. Que le département joue son rôle, pour l’intérêt général et pour l’avenir.
Il est inenvisageable que l’État assume seul la part du financement public. Bien qu’il pourra, lui, escompter récupérer une partie de son investissement par la TVA. Mais qu’en sera-t-il pour les collectivités en ayant la compétences : les 2 départements et la métropole.
Allons-nous abdiquer sur nos missions sociales, éducatives, culturelles, d’entretien des voiries et des transports, pour investir à perte dans une autoroute inutile à la population du département ?
Maryannick DESHAYES,
Gaëtan LEVITRE,
Andrée OGER,
Serge MASSON,
Conseillers départementaux du groupe Communiste, Ecologiste et Citoyen

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