CASE – CREA – Pôle métropolitain…

Lors de la présentation du pôle métropolitain le 15 décembre dernier à la CASE, les écologistes se sont posés des questions sur la transparence et la façon dont les délégations seraient attribuées : « c’est politique » côté CREA, « on fera comme d’habitude » côté CASE.

Laurent Fabius, le Président de la CREA (l’agglomération rouennaise), a opté pour la proportionnelle, permettant à l’ensemble des formations politiques qui composent l’assemblée d’être représentées en fonction de leur poids politique.

A la CASE, c’est un déni démocratique que nous offre son Président Franck Martin. Le 26 janvier dernier, en effet, il a proposé au vote des délégués communautaires une liste ne comportant :

–          ni le Maire de Val de Reuil, deuxième ville de l’agglomération ;

–          ni le Maire de Pitres, qui avait eu l’insolence de s’opposer au Président de la CASE sur le lieu d’implantation de la plateforme multimodale (qui fait pourtant l’objet du champ d’action du pôle métropolitain) ;

–          ni aucun élu écologiste, au motif  qu’ils avaient eu le mauvais goût de faire part par voie de presse de leurs réticences sur le format et les objets du pôle métropolitain. Pas question de s’encombrer de « boulets »…

 

La liste proposée ne comprenait que les noms de délégués dont Franck Martin est sûr qu’ils parleront d’une seule voix (la sienne !). Or, les projets portés par le futur pôle métropolitain nécessiteraient au contraire d’être débattus dans la plus grande transparence et que la diversité des points de vue puisse s’exprimer.

 

Qu’on en juge par la nature de ces projets

En ce qui concerne le développement économique, sous le faux prétexte de l’emploi et de la réindustrialisassion de la vallée de l’Andelle, Franck Martin cultive une idée fixe : 1 la logistique, 2 la logistique, 3 la logistique ! (Camions, camions, camions !!!)

M. Martin est un fervent défenseur des nouvelles infrastructures type liaison A28-A13.

Aussi, quand il se prend à rêver de « la création de plateformes multimodales fer-route-fleuve tout au long de la Seine », que faut-il comprendre ?

Les écologistes sont bien évidemment pour l’amélioration du transport ferroviaire, pour le transport fluvial, et pour le développement d’une logistique responsable. Nous sommes partisans de la réduction de la part de la route au profit du fluvial et du ferroviaire.

Mais nous savons aussi qu’à l’heure actuelle, la tri-modalité n’est pas possible. Pour trois raisons :

–          absence de voie ferrée opérationnelle ;

–          retournement des péniches impossible sur la partie fleuve ;

–          quant à la route, elle n’en a pas non plus la capacité à l’heure actuelle.

Ce projet ne servirait donc qu’à justifier de nouvelles infrastructures routières, et notamment le barreau eurois (liaison A28-A13). A l’heure actuelle, ce projet est de la compétence de l’Etat. Mais l’Etat est endetté et n’en a plus les moyens. Les agglomérations locales seraient-elles prêtes alors à se substituer à l’Etat pour financer ces projets couteux ? Ce serait bien évidemment au prix d’une augmentation de nos impôts locaux et par le recours aux fameux Partenariats-Public-Privé (PPP) – la solution magique du moment !

Voilà ce que nous constatons derrière tous les discours volontaristes en faveur d’une logistique tri modale. A chaque fois, on a renforcé : 1 la route, 2 la route, 3 la route !

A-t-on besoin de couloirs à camions défigurant nos paysages remarquables et polluant la vie de leurs habitants, sans créer d’emplois ? Car le nombre d’emplois à l’hectare est très faible dans la logistique, par rapport à celui des entreprises traditionnelles.

Alors, consommer autant d’hectares sans prévoir le retour des entreprises sur notre territoire, est-ce utile et raisonnable ? Cela ne servirait qu’à la CREA – qui n’a plus de terrains – et se débarrasserait ainsi de la logistique sur le territoire de la CASE et la privant de l’installation d’entreprises créatrices de nombreux emplois, car sur notre territoire aussi les hectares disponibles s’amenuisent.

Concernant l’autre compétence du futur pôle métropolitain, les transports : les écologistes sont bien entendu favorables au développement de transports en commun efficaces et économiques pour les usagers de nos territoires. En effet, à l’heure actuelle, ces usagers sont pour la plupart condamnés à prendre leur voiture, faute de solutions efficaces pour rejoindre les grandes villes.

Pour des raisons électoralistes, Franck Martin s’oppose à la réouverture de la ligne Rouen –Evreux (tram-train pour les passagers, un autre tracé moins perturbant pour la vallée de l’Iton que l’ancien réservé au fret). Il est par contre favorable au projet coûteux de LNPN (Ligne Nouvelle Paris-Normandie). Or, qu’apportera ce projet aux usagers de la CASE ?

Rien, sinon une augmentation du coût du transport !

Destructeur de zones naturelles et agricoles ; sans gare urbaine à Louviers ni à Val de Reuil, il obligera une fois de plus les usagers à prendre leur voiture… pour aller prendre le train au milieu des champs (projet de gare à Montaure).

Et comment financer un projet qui se chiffre à plusieurs milliards d’euros, quand là aussi les caisses de l’Etat sont vides ?

Comme pour les autoroutes, la réforme territoriale permettra de se reporter sur les collectivités locales, toujours par le biais des PPP évoqués plus haut – ce qui aura pour effet d’augmenter, et les impôts, et le prix du billet de train !

Quand on sait que la CREA a refusé la matérialisation des arrêts de la ligne Évreux-Rouen, on peut se poser des questions sur sa volonté de défendre les transports publics ?

Pour finir avec les projets sur le tourisme (autour de la Seine, ou de la Normandie Impressionniste…) qu’on nous vante tant dès qu’on parle du pôle métropolitain : oui bien sûr, nous y sommes favorables. Mais seront-ils compatibles avec les projets de développement économique et de transport, si ces projets consistent à bétonner le fleuve et ses abords, à une autoroute à péage, à une plate forme tri-modale travaillant 24h sur 24 et 7 jours sur 7, avec toutes ses nuisances (bruit, camions, pollution), près d’une boucle de la Seine supposée réservée à de grands projets touristiques ? Mais qui donc viendra dans ces conditions, quels touristes ?

Alors, plutôt que de casser les paysages, et la vie de tous les jours pour beaucoup d’entre nous (pour l‘hypothétique arrivée de cabinets d’affaires ou de conseils d’administration…), offrons-nous le droit et le devoir d’acheminer les gens qui vont travailler à Rouen, à Evreux, ou à Paris dans les meilleures conditions. A l’heure, avec de la place, bref, avec le respect dû aux usagers.

Nous rapprocher de la CREA, oui,  nous avons un destin commun. Mais ce destin commun, ce n’est pas l’inféodalisation : ce destin commun doit respecter les uns et les autres. Nous sommes un grand bassin de vie. Pour qu’il vive, nous devons respecter nos marques, respecter la démocratie. Et mener des projets qui soient tournés vers l’emploi, le confort de vie et l’environnement des habitants.

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